Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LA CONSTITUTION CIVILE 413
en faisant concourir les circonstances où nous nous (rouvons aujourd'hui, la misère des peuples et la tenue de lAssemblée nationale, ait voulu placer le mal à côté du remède et faire sentir vivement l’un pour faire penser efficacement à l’autre. »
La mendicité, trop nombreuse, autorisée par la rigueur des derniers hivers et l'insuffisance des moissons, est un fléau moral et politique. « Les jeunes filles qui ont recours aux aumônes ne lardent guère à s'abandonner aux excès du libertinage….. Les mendiants se complaisent dans l'oisiveté, deviennent aisément voleurs de profession et infestent les grands chemins... La plupart de ces grands criminels que les lois vouent à la vengeance publique ne sont parvenus, on le sait, à ce degré de perversité que par une progression funeste, dont la mendicité a été la première cause. »
Pasteurs et citoyens, les eurés ont dû réfléchir sur les mesures les plus propres à extirper la mendicité. Ils ont constaté l'inefficacité des moyens violents. Ceux de leurs paroissiens qui sortaient des dépôts, ils les ont « revus avec tous les vices qui leur avaient attiré cette correction. » Pour que la prohibition de la mendicité fût « juste, » il faudrait auparavant avoir fourni à tous les indigents les moyens de s'en passer. « Que peut une loi prohibitive contre les besoins impérieux de la nature ? La mendicité est un mal et non pas un crime; ce n’est done pas une punition qu'il faut, mais un remède. »
Le remède : fournir de l’occupation aux familles qui pouraient être exposées à la mendicité ; créer dans toutes les paroisses un bureau de charité ; établir, dans chaque ville épiscopale, différents genres d'ateliers pour tous les âges et toutes les aptitudes en toutes saisons.
Mais où prendre les fonds? — Les 1,500,000 livres qu'on emploie à l'entretien des dépôts de mendicité suffiraient à peine à 4,000 paroisses, et ily en à 40,000 ! Faudrait-il