Les fêtes et les chants de la révolution française
DU 9 THERMIDOR AU 18 BRUMAIRE. 239
La création des grands concerts, des « Concerts populaires », comme on les appela tout d'abord, à eu une influence considé sable, à la fin du xix° siècle, sur révolution de l’art français. Où en est l'origine première, si ce n'est dans ces « Concerts du peuple » qui ont laissé des souvenirs inoubliables parmi ceux qui en étaient les auditeurs perdus dans la foule? Voici, notés quarante ans après 1793, ceux qu'évoquait un de ces témoins obscurs :
« Les orchestres, les chœurs du Conservatoire, de l'Opéra, de l’'Opéra-Comique fournissaient une troupe d'élite très nombreuse qui se réunissait dans un édifice en bois d’une forme élégante, assez élevé pour dominer l'auditoire. Ouvert de toutes parts, ce temple musical versait des torrents d'harmonie sur trois cent mille auditeurs qui se pressaient autour de ses portiques, et ne signalaient leur présence que par des bravos et des applaudissements bien servis, et distribués avec une rare intelligence. C'était admirable, merveilleux. On p’exécutait là que des compositions dessinées à grands traits, d'un rythme bien marqué, d'une élocution franche, telles que les morceaux d'Iphigénie en Aulide, de Démophon, de Panurge, les chœurs d'OEdipe à Colonne, Iphigénie en Tauride, d'Écho el Narcisse, des airs de danse de Gluck, de Rameau; car le fameux pas des Sauvages figurait encore avec honneur dans ces concerts. Catel avait composé des symphonies d'un grand effet pour les cérémonies républicaines; tous les hymnes écrits par Cherubini, Méhul, Gossec, formaient les plus beaux ornements de ces fètes, où la Marseillaise, le Chant du Départ, faisaient toujours leur magique explosion. Ces masses de chœur et de symphonie, entendues à une distance moyenne, arrivaient à l'oreille comme un nuage harmonieux, dégagées de tout frottement d’archet, de toute