Les fêtes et les chants de la révolution française
LE CONSULAT, FIN DES FÊTES NATIONALES. 249 giple et plus profond. Les chœurs chantaient cette strophe :
Jour glorieux! jour de mémoire! Rome antique, sors des tombeaux; La France hérite de ta gloire! Les prodiges de ton histoire
Sont égalés par nos travaux.
Mais, loin de donner à la musique de ces vers la pompe et l'éclat légèrement banal qui en semble être l'expression naturelle, Lesueur a adopté une interprétation tout autre. Après un prélude de quelques mesures, où l'orchestre arpège un accord d’ut mineur, les chœurs des deux galeries du bas se font entendre presque simultanément, chantant sourdement, comme pour représenter.un tumulte populaire peu à peu grandissant. Malgré la rapidité du rythme, nulle confusion n'est à craindre : le chant est en quelque sorte une simple psalmodie que les parties se renvoient sur les notes d’un seul accord. Le murmure se rapproche, les sons augmentent d'intensité, — quand soudain, du haut du dôme, part un chant soutenu, d'une ligne ample, qui vient se poser sur les accords mystérieux des deux premiers chœurs. Les voix unies des femmes et des ténors l'exposent et le déroulent, suivant un procédé cher à Lesueur, qui ne craint pas d'en faire usage dans des morceaux de forme scolastique, où ce doublage des parties vocales en octaves doit produire d’heureuses sonorités. Les basses répondent, redisant le même chant sur un degré plus grave: enfin, après un court développement, le quatrième chœur entre à son tour, les voix, unies à l'orgue, entonnant le thème austère, toujours combiné aux vagues bruissements des voix populaires. Assurément, il y aurait quelque ridicule à évoquer, au sujet de Lesueur et d’une œuvre de circonstance, le grand