Les fêtes et les chants de la révolution française

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LE CONSULAT, FIN DES FÊTES NATIONALES. 251

de l'Africaine : « Fille des rois »; car c’est un des traits caractéristiques de Lesueur, un précurseur s'il en fût

jamais : lorsque sa musique fait songer à celle d’autres

maîtres, c’est bien plus souvent à ceux qui sont venus plus tard qu'à ceux qui l'ont précédé. Le rythme meyerbeerien d’une croche pointée et une double croche formant un dessin continu à la basse persiste pendant le chœur qui se relie au trio, épisode d’allure guerrière, toujours avec un fond de sévérité qui peut-ètre, à la longue, finirait par devenir un peu maussade.

Il y a encore un « rondeau guerrier », chanté par Chéron, et terminé par un chœur martial, sur un banal rythme de marche, mais sous lequel on sent toujours circuler cette flamme intérieure qui déjà animait les premiers chants composés par Lesueur pour les fêtes en l'honneur des victoires de la Révolution. Dans nn autre chœur, on maudit « l’avare Albion ». Cette note militaire domine dans une grande partie de l'œuvre : c'était inévitable à cette heure. Pourtant il y en a d'autres. Un chant de ténor, invoquant la Divinité « Grand Dieu, les nations à tes pieds prosternées implorent tes bienfaits » n’est pas loin de faire songer au pur style de la prière des Saisons qu'Haydn écrivait dans le moment même, tandis qu'un « air pour Mlle Chevalier », dont il ne reste qu'un fragment, est d’un rythme rococo qui rappelle plutôt certains airs à danser des opéras de Gluck. Mais surtout il faut citer un épisode vraiment charmant que chantaient, à l'orgue, des voix isolées alternant avec le chœur pour dire une strophe en l'honneur de la paix, d'un sentiment tout racinien.

L'avant-dernier morceau, en chœur, est aussi une fort belle chose : une prière, lente, calme, harmonieuse, toujours conçue suivant cette architecture sobre et simple qui n’exclut pas la grandeur. Les voix disent