Les fêtes et les chants de la révolution française
238 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
l'époque, — et nous pourrions ajouter qu’elle en souffre encore, et ne s'en est pas relevée autant qu'elle l'eût mérité. C’est le grand malheur de la musique de ne pouvoir être ramenée à la plénitude de la vie qu'au moyen d’exécutions pour la réussite desquelles des considérations accessoires tiennent trop de place : dépense, publicité, engouements du jour, sans parler des qualités artistiques nécessaires à une juste interprétation. Il a suffi d'exposer le tableau du Couronnement ou la Distribulion des aigles de Louis David dans une salle du Louvre pour rendre au peintre toute la justice qui lui est due. Mais l'idéal de David est aussi différent de celui des artistes du xx® siècle que celui de Méhul, de Cherubini et de Gossec l'est de la tendance de nos modernes musiciens; or, des œuvres telles que le Chant du 25 Messidor, l'Hymne pour la mort du Général Hoche, l'Hymne à l'Étre saprème, restent inconnues, car l'ampleur de leurs lignes aurait besoin, pour se développer, d'exécutions dont l’organisation présente les difficultés connues de tous. Triste destinée des chefs-d'œuvre d’en être réduits à dormir ainsi dans les bibliothèques! Qu’au moins un travail tel que celui qui s'achève ici ait pu réveiller le souvenir harmonieux de ces dix années, pendant lesquelles retentirent des bruits Si divers, mais où nous percevons surtout aujourd'hui, dans le lointain qui nous en sépare, les chants généreux inspirés par l'amour de la liberté et de la patrie! Leur exemple est d'autant mieux fait pour nous intéresser qu'il est plus rare, étant fort peu suivi présentement. Qui sait si quelque jour il ne le sera pas davantage, et si nous n’assisterons pas (il faut toujours espérer en l'avenir!) à la constitution définitive d'un véritable art républicain? L'on ne peut pas objecter que cela est impossible à faire, — puisque cela a été fait.
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