Les hommes de la Révolution

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tôt je fus soupçonné, accusé d'en vouloir aux propriétés. Des frères souffrants et laborieux ne voient en moi qu'un ami compatissant et un protecteur; pour les riches égoïstes, je ne fus qu'un dangereux apôtre des lois agraires. »

Et, dans cette lettre, Babeuf continue à retracer son existence. Il expose sa situation. Mais cela ne le fait pas sortir de Sainte-Pélagie. Enfin la Convention s’occupa de lui. L'affaire fut portée devant la Cour de cassation qui annula le jugement pour vice de forme et renvoya Babeuf devant les juges de Laon. Ceux-ci déclarèrent qu'il n'y avait pas lieu à accusation (18 juillet 1794). L'injustice était réparée. Babeuf redevint libre (1).

* *X *

De retour à Paris, il reprit son emploi au bureau des subsistances et se tint coi pendant quelque temps. Il travaillait à une Histoire des Conspirations et des Conspirateurs du département de la Somme qui ne vit pas le jour. Peut-être même blâmait-il la politique de Robespierre, alors toutpuissant, et songeait-il à l’attaquer déjà.

Toujours est-il qu’on n'entend plus parler de Babeuf jusqu’au 9 thermidor. À partir de ce jour,

(1) On a tout de même ergoté sur ces deux jugements contradictoires. Cependant, l'affaire était jugée et bien jugée et au procès de Vendôme, on n'y fera même pas allusion. Il a fallu les historiens réactionnaires pour accuser de nouveau. Babeuf et établir la légende. Aulard, lui-même, dit que Babeuf semble avoir péché par négligence, non par improbité, (V. Grande Encyclopédie .)