Les hommes de la Révolution

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sait donc d'avance que vous serez touché de sa triste position.

« Né sans fortune ou plutôt au sein d’une pauvreté absolue, j'étais arrivé, avant 1789, à vivre presque dans l’aisance du produit d’un emploi que la Révolution devait détruire et qu’elle a détruit, en effet. Je perdis alors mon état, mais je n’en murmurai point; jeune encore, je m'enflammai au contraire pour la cause de la liberté et je consumai le reste de mes ressources à faire aux abus une guerre acharnée. Je m'attaquai d’abord à la maltote et à tous les impôts indirects. Une première Po que je répandis fit tant de bruit que l'infâme Cour des aides m'envoya enlever de mon lit, au milieu de la nuit, dans mon domicile à trente lieues de Paris, puis me fit amener à la conciergerie du Palais et poursuivre criminellement (1). Après deux mois de captivité, je contraignis mes persécuteurs à m'ouvrir la porte de ma prison.

« Je retournai dans mon département ; jy fis un journal Je me déclarai le champion de tous les campagnards contre les ex-seigneurs; je feuilletai, je compulsai toutes les histoires et j'en tirai la preuve irrécusable et très utile qu'il n'était pas un seul droit de vassalité qui ne fût une usurpation. J'imprimai cette grande vérité. Gémissant sur le sort de la classe malheureuse dont je vois sans cesse s’empirer la condition, déplorant bienamèrement que jusqu'ici on n'ait rien fait d’efficace pour elle, je jetai en avant quelques idées tendant à améliorer sa situation; bien-

(1) C'est à ce propos que Marat le défendit.