Les hommes de la Révolution

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être assuré de posséder en suffisance ce qui lui était nécessaire. De là les noyades de Carrier, la guerre de Vendée, la guerre extérieure, les guillotinades, etc., où Babeuf ne veut voir que l'application de l'épouvantable système qu’il dénonce. Il faut avouer que voilà une singulière appréciation de la politique de Robespierre. Un jugement semblable ferait douter des facultés cérébrales de Babeuf, si par la suite, il n'avait pris le soin de reconnaître son erreur.

Ce qui excuse Babeuf, c’est sa grande sensibilité. Déjà au lendemain de la prise de la Bastille, nous l’avons vu déplorer le meurtre de Berthier et de Foulon. Sous la Terreur, le républicain égalitaire qu'il était, le rêveur qui voulait le bonheur de tous, souffrit certainement de voir la guillotine et l'assassinat érigés en système de gouvernement.

Il faut reconnaître aussi que les faits relatés dans la brochure de Babeuf sont exacts et que certaines pensées magnifiquement exprimées méritent l'attention.

C'est ainsi que Babeuf écrit à propos de la représentation nationale :

« Que l’on cesse d'attacher au caractère de mandataire du peuple ce prestige idolâtre, ce fanatisme esclave, cette fausse idée d’infaillibilité ou tout au moins de capacité supérieure à celle des autres citoyens. Non, mon délégué n’est point en état de faire plus de miracles que moi; je n’ai pas eu le pouvoir, en le décorant de sa dignité, de lui infuser la sapience infinie; il reste homme comme il était avant; il fera autant de fautes que