Les hommes de la Révolution

— 197 —

les autres hommes, et peut-être encore plus, parce que l'éclatante puissance, dont je l’ai investi inopinément, l’éblouira (1).»

Et à propos des gouvernements qui répondent aux revendications du peuple par des coups de fusils : |

« Le titre de gouvernement n'exclut pas celui d'assassin, quand celui qui en est décoré en tient la conduite et le peuple n'est point satisfait d'un supplice ordinaire pour l’infâme mandataire qui a abusé de ses pouvoirs, pour massacrer ceux dont il les a reçus. »

Sur la Patrie:

«Il ne serait nullement juste que celui qui n’a rien s’exposât et se sacrifiât pour défendre les propriétés au profit de ceux qui les tiennent, tandis: que ces derniers laisseraient languir sa famille et lui-même à son retour, si le hasard le faisait survivre aux fatigues et aux périls de la guerre. » ;

Comment s'étonner qu’un homme qui avait le courage d'écrire de telles choses en pleine réaction thermidorienne ait été poursuivi, condamné et plus tard sali par les réacteurs ?

Cependant Babeuf n’est pas tendre pour certains révolutionnaires. Il dénonce furieusement

(1) C’est le langage d'un anarchiste va-t.on s’écrier. En effet. Les anarchistes modernes ne s'expriment pas autrement. Du reste la plupart des théories dites nouvelles et qui paraissent subversives ont été soutenues et affirmées par les hommes de la première Révolution. Il serait curieux de recueillir Les opinions et vensées de ces hommes sur la propriété, sur l'armée, sur la Patrie. Peut être le gouvernement de la troisième République y trouverait-il matière à poursuites.