Les hommes de la Révolution

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Dans la prison, les détenus qui ne pouvaient se voir, corréspondaient, échangeaient leurs idées et discutaient par lettres. C'est ainsi que Babeuf s'attacha Ch. Germain. La police veillait, cependant, puisque, le 22 messidor, Germain écrit:

« Je te préviens qu'on- guette notre correspondance, j'en suis sûr. Que reviendra-t-il à nos oppresseurs de s’en saisir? Du dépit et de la fureur en voyant que, même dans les fers, nous n'avons rien perdu de cette fermeté, de cette tranquillité qui les déconcertent et que, malgré tous leurs efforts, ils ne peuvent venir à bout d’altérer. »

Malgré tout, la conspiration s’élaborait. Dans les lettres échangées, on peut voir déjà que, devenus libres, les révolutionnaires passeront à l’action. Babeuf écrit à Germain:

« Je vois sans chemises, sans souliers, sans habit, presque tous ceux qui font pousser le lin et le chanvre, presque tous ceux qui mettent en état d'être employées, soit ces matières textiles, soit la lame ou la soie, presque tous ceux qui tissent, qui font la toile et les étoffes, qui donnent la préparation aux cuirs, qui confectionnent les chaussures. Je vois également manquer à peu près de tout ceux qui travaillent mensuellement aux meubles, aux ustensiles de métier ou de ménage, aux bâtiments, etc. »

Et il ajoute: «Il faut, non pas entamer, mais anéantir absolument le vieux régime d’oppression, de préjugés et de superstition (1). »

(1) Babeuf, cependant, n'avait aucune illusion au sujet d'une transformation radicale de la vieille so-

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