Les hommes de la Révolution

— 934 —

«Rien ne peut ni ramener, ni apaiser, ni calmer ces hommes cruels Leur premier dogme est le bouleversement de la société, qu'ils appellent égalité, loi agraire, le remplacement des propriétaires par ceux qui ne le sont pas, la succession de ceux qui n'ont rien à ceux qui ont quelque chose. Dévaster, égorger jusqu'à ce que leur affreux système surnage sur une mer de sang: voilà leur doctrine...

«… Un pouvoir insurrecteur! Ah! qui peut ne pas frissonner à ce mot dont on a si cruellement abusé! Sans doute, elle est légitime, elle est sainte l'insurrection, lorsque, comme on le voit en 1789, c'est le peuple entier, lorsque c’est l'universalité des citoyens qui'la fait, lorsqu'elle est le produit d’un mouvement libre et spontané, d'une volonté réellement générale. Mais que de certaines classes de citoyens, que des fractions du peuple s'agitent, se soulèvent, veuillent renverser le gouvernement établi, ce n'est pas là une insurrection: c'est une révolte criminelle, c'est un attentat contre la sûreté intérieure de l'Etat. »

Babeuf prit la parole à diverses reprises. Il discuta pied à pied, mot par mot, les différentes pièces du procès. Nous ne pouvons suivre cette discussion, pas plus que les discours que les accusés prononcèrent pour leur défense. La place nous fait défaut. Citons seulement ce passage de la défense de Babeuf (r).

(1) Cette défense dura plusieurs séances: c’est un document précieux. Très claire et très méthodique, elle est une merveilleuse page d’éloquence. Babeuf s’efforçait de démontrer qu'il ny avait pas eu, en réalité, de conspiration,