Les pamphlets de Marat

DÉNONCIATION CONTRE NECKER 93

A. Necker pose sur cette base : « Il faut établir un rapport « certain entre les revenus et les dépenses fixes. » Grand principe des dissipateurs, qu'ils énoncent de cette manière : « Il faut égaler la recette à la dépense. » Et pour réussir, il n'a garde de toucher aux paisibles jouissances des heureux du siècle, qui ont toute la graisse de la terre ; des déprédateurs, des concussionnaires, des sangsues de l'État : mais il forme le généreux dessein de pressurer le peuple, et il exhorte l'assemblée nationale de déployer toutes ses forces pour accrocher aux malheureux le dernier lambeau, le dernier aliment. Ah! dût l'armée se débander, dût l'État se dissoudre, devait-il, pour empêcher ces malheurs, recourir à un expédient si barbare! Mais nous n’en sommes pas réduits à cette extrémité. Un administrateur des finances, animé de l'amour du bien public, avait cent moyens de rendre au royaume sa force et son brillant.

En débutant au ministère, M. Necker s'était annoncé comme le bienfaiteur des pauvres, le ministre économe, le réformateur des abus. Tant que les ennemis publics dominaient à la Cour, ne lui faisons point un crime de n'avoir pas poussé plus loin les réformes ; il fallait céder aux dures lois de la nécessité, et on peut croire qu'il s'est laissé entrainer au torrent. Mais, depuis la glorieuse révolution, maître du champ de bataille, comment n’a-t-il pas tranché dans le vif, comment n'a-t-il pas tari la source des désordres, comment n'’a-t-il pas détruit le gaspillage de la Cour, supprimé ces maisons militaires”, qui annoncent des

41. Les petites attentions qu'eut d’abord sa chère moitié pour les débiteurs en prison et pour les malades réduits à l'hôpital, n'étaient que pure affecterie. Une preuve qu'elles n'avaient point leur source dans le cœur, c'est que depuis son retour au ministère, elles ont disparu pour toujours; et toutefois c’est à l'impression qu'elles ont faite sur le public, qu'il doit sa réputation de popularité et de bienfaisance, son nom de père du peuple, d'ange tutélaire de la France. (Note de Marat)

2. Comme les miuistres ne sont plus les maîtres de faire la loi,