Les pamphlets de Marat

102 LES PAMPHLETS DE MARAT

forces! Quand la raison sévère n'en condamnerait pas le projet; l'honneur, la délicatesse, le sentiment auraient dû le lui interdire. Dépouillé du vernis séducteur dont on l’a revêtu, qu’est-il, aux yeux des sages, qu'un artifice honteux, employé à consommer la spoliation la plus malhonnèête ?

Woilà donc le fond du sac du premier ministre des finances : le voilà lui-même au bout de son rôle, le voilà aux abois. Sa retraite est forcée ; elle est nécessaire, elle est indispensable ; et de quelque manière que les affaires tournent, il ne peut faire que du mal, que faire mourir d'inanition le peuple, que ruiner la liberté, que perdre l'État. Tant d'abus de confiance le décrieront à jamais comme un administrateur inepte, s’ils ne le font pas proscrire comme un ministre dangereux, un ennemi de la patrie ; mais nous ne sommes pas au bout de ses démérites, il nous en reste de plus grands encore à dénoncer.

QUATRIÈME CHEF D'INCULPATION

On aurait eru que l'issue de la première conspiration en aurait imposé aux ennemis de la patrie : mais quel frein peut arrêter des hommes décidés à perdre l'État ? À peine eut-élle-avorté, que, déplorant ses suites imprévues, ils travaillèrent à en former une nouvelle. Nous ne mettrons point en question si des courtisans furent en tête : quels autres hommes assez atroces pourraient méditer la ruine de la nation ? Mais pour réussir, ils avaient besoin de coopérateurs ; ils en trouvèrent dans les États-Généraux, dans le

ses bijoux précieux? De quel front ose-t-il garder une montre, et prendre du tabac dans une boîte d'or? Que dis-je! Souvent un anneau ‘d’orest toute la fortune d'une paysanne; et presque toujours il en forme les dix-neuf vingtièmes. Faites donc porter au trésor royal, M. l'apôtre, treize à quatorze millions itirés de vos coffres; il vous en restera encore assez pour vivre : vous n'en serez pas moins heureux, et il vous sera permis d'en être fer, du'moins pourrons-nous croire à votre amour du bien public. (Note de Marat)