Les pamphlets de Marat

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jugement des prisonniers qui s’attrouperaient. Cette déclaration, enregistrée en parlement avec tant de zèle, il la vit en silence foulée aux pieds. Elle annonçait le fatal projet de rétablir les suppots du despotisme, et de contenir le peuple par la terreur. Il ne laissa dormir ce projet que quelques jours; et le reprit, en sollicitant la municipalité de rendre au monarque le pouvoir exécutif. Des sollicitations si vives, si répétées, ne me permirent pas de douter qu’il n'eût connivé avec la faction criminelle des États-Généraux. Le dévouement que la municipalité parisienne avait affiché pour le ministre, peu après son retour; la multiplicité d’aristocrates qui la composaient les efforts qu'elle avait faits pour dissiper les assemblées du Palais-Royal, la manière dont la milice nationale a été organisée, cette foule de nobles et de magistrats qui commandent la garde bourgeoise, ces appointements excessifs donnés à l'état-major de la garde soldée; cette somme énorme offerte au commandant général ; cette insouciance de s’assurer des accapareurs ministériels; ce mépris des règles pour blanchir le marquis de la Salle; cet empressement de s’assurer du marquis de Saint-Huruge ; ce voile jeté avec tant de soins sur la destination des travaux de Montmartre et des moulins à bras de l’École-Militaire, ce refus d'examiner le tripotage des farines de cet entrepôt : tant de considérations réunies me firent craindre qu’elle n’eût été entrainée dans le complot; je fis part de mes craintes au public, et il les partagea. Cent faits nouveaux sont ensuite venus à l’appui de ces sujets d'alarme.

Cependant les conjurés n’avançaient qu’à pas comptés. Ils n'avaient point d'armée à opposer au parti patriotique ; ils travaillèrent à enchaîner la milice parisienne par le moyen de ses chefs, dont ils connaissaient le dévouement. Je travaillai à la faire tomber de leurs mains, en rappelant le soldat à ses intérêts et à ses devoirs‘.

41. Voyez le Discours de l'ami du peuple, n° 19. (Note de Marat)