Les pamphlets de Marat

MARAT A SES CONCITOYENS 329

Rangé parmi les sans-culottes dès 1790, je n’entrai dans aucune assemblée de section qu'avec eux, le 10 août 1792. (0 patriote du 10 août ‘!)

Admis dans la Société des Amis de la Constitution, je m'aperçus bientôt que les Barnave, les Lameth et autres intrigants de cette espèce, faisaient tous leurs efforts pour rendre cette société l'instrument de leurs intrigues. La publicité seule pouvait les déjouer ; constamment ils s’opposèrent à cette mesure. Ce fut alors que, pour combattre leurs funestes projets, j'entrepris le journal de la Société, entreprise qui, outre les sacrifices de travail et d’argent, m'a coûté celui de l’amour-propre, puisque sans cesse occupé à faire briller les talents de mes concitoyens, j'ai toujours été forcé de renoncer à faire l'essai des miens.

Six semaines de détention après le massacre du Champde-Mars ont dû prouver qu’au moins je n'étais pas du parti des intrigants d’alors. Une santé affaiblie par les suites de cette détention et un travail continuel depuis cette époque m'auraient, je pense, ôté les moyens d’intrigue, quand même j'en aurais eu le goût.

Voilà, citoyens électeurs, celui que Marat, le prétendu Ami du Peuple, a l’impudeur de traiter de vil intrigant, dénoncé comme machinateur. J'ai rempli la première et la plus pénible portion de la tâche que je m'étais imposée, je vous ai parlé de moi ; je passe à la seconde, et j’accuse devant vous et en sa présence Marat, le prétendu Ami du Peuple, je l’accuse d’incivisme, de mauvaise foi et d’'immoralité. Lié d'intérêt avec Les personnes qui, depuis 17189, ont été dans la plus intime relation avec cet homme, je peux mieux que qui que ce soit fournir les preuves de ce que j’avance ici. Eh bien, fort de ces preuves, fort de ma conscience, fort du mépris profond que j'ai voué de tout temps aux

1. Interjection ironique intercalée par Marat dans le texte de Deïlers.

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