Les pamphlets de Marat

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330 LES PAMPHLETS DE MARAT

calomniateurs, je m'adresse à Marat et lui dis : quelle idée aurais-tu, toi qui te dis l’Ami du Peuple, quelle idée aurais-tu d’un homme qui, le 26 novembre 1790, aurait 1efusé de recevoir en paiement pour une très petite portion de sa solde (il s’agissait de 30 livres), non pas des assignats qui, à cette époque, perdaient 5 pour 100, mais des coupons d’assignats qui ne perdaient rien ? Quelle idée aurais-lu du civisme d’un homme qui aurait renvoyé avec mépris cette monnaie nationale ? Réponds, et prononce ta condamnation, car j'ai mes témoins à produire si tu as limpudence de nier le fait.

Quelle idée aurais-tu d’un homme qui, débiteur envers son bienfaiteur et sachant que son créancier aurait mis opposition entre les mains d’un citoyen dépositaire de ses fonds, aurait été proposer à ce dépositaire de nier le dépôt? Réponds et prononce ta condamnation ; car le créancier est le citoyen Saint-Sauveur ; le patriote Legendre estle dépositaire que tu as cherché à corrompre, et toi tu es le vil corrupteur.

Quelle idée aurais-tu d’un homme qui, se croyant proscrit et obligé de vivre dans les caves, recevrait pendant plus de deux ans les soins les plus tendres d’un citoyen peu fortuné et de sa femme, et qui, pour récompense de ses soins et de ses sacrifices, éloignant l'homme par une commission feinte, profiterait de son absence pour lui enlever et sa femme et ses meubles ? Réponds et prononce ta condamnation, car c’est le citoyen Maquet qui, par ma bouche, t’accuse de ces vols qu’il dénonça en présence de mille témoins prêts à se présenter.

Voilà, citoyens électeurs, l’homme qui me dénonce; vous me connaissez maintenant, jugez et prononcez qui de lui ou de moi a droit à votre estime. Je vous demande justice, je vous demande vengeance, et si contre mon attente je n’obtenais de vous ni l’une ni l’autre, je me verrais forcé de me rappeler que comme l’insurrection est pour le peuple le plus saint des devoirs, la résistance à l’op-