Les pamphlets de Marat

OFFRANDE A LA PATRIE 27

Ainsi que d'abus odieux réformés! que de jugements iniques redressés!! que de projets désastreux culbutés!

Mais ce n'est pas là où se bornent les avantages attachés à la liberté de la Presse : elle anéantira à la fois tous les maux que traînent à leur suite les Censeurs royaux; machines inventées pour étouffer les eris de la liberté contre la tyrannie, ceux de l'innocence contre l'oppression, ceux de la raison contre le fanatisme, ceux du mérite contre le charlatanisme; machines inventées pour empêcher les esprits de s'élever, les talents de percer, et le génie de déployer ses forces.

Après avoir assuré la souveraineté de la Nation et la liberté publique, il faut assurer la liberté de chaque citoyen, par l'abolition des lettres de cachet”, et la proscription des coups d'autorité. Que si, dans certaines circonstances où l’État est en danger, le Prince doit user d’autorité pour éviter les longueurs qu'entrainerait le recours aux tribunaux, il sera tenu de les remettre, dans un terme prescrit, à une Cour de Justice, pour faire leur procès. QUATRIÈME LOI FONDAMENTALE DU ROYAUME.

IT ne suffit pas d'assurer la liberté des citoyens contre les coups d'autorité; pour couronner le grand œuvre de la législation, il faut encore assurer leur innocence contre l'ignorance ou la corruption des Juges.

Le Code criminel est le boulevard de l'innocence : car on ne saurait punir un homme, quand on ne peut lui faire

1. On n'a pas oublié, ea Angleterre, comment un seul citoyen (le judicieux Ramsai), arrêta l'exécution d'un jugement inique, et empêcha le sang innocent de couler. (Note de Marat)

2. Sans doute il est intéressant au repos de certaines familles que le Prince puisse soustraire de mauvais sujets aux tribunaux ; mais cette impunité de quelques individus devient funeste au public, parce qu'elle multiplie le mal auquel elle prétend remédier : parce que les membres de l'État doivent être tous également soumis aux lois ; parce que le dérèglement de vie ne doit être le privilège d'aucune classe de citoyens, et que le glaive de la justice doit frapper indistinctement les coupables. (Note de Marat)