Les pamphlets de Marat

OFFRANDE A LA PATRIE 29

ice, que souvent le Monarque lui-même ne peut obtenir satisfaction. Nos Parlements en ont donné mille exemples: et pour en citer un tout récent, je rappellerai le jugement rendu par le Parlement de Paris, au sujet des libelles publiés contre la Reine. Qui doute encore que si un président à mortier de cette compagnie ne se fût trouvé impliqué dans l'affaire, ses complices n’eussent été déclarés coupables ?

Parlerai-je de cette affreuse coalition des Parlements du Royaume, qui a éclaté en tant de circonstances, et notamment dans celle du malheureux Lally. Quel spectacle plus révoltant que de voir des Magistrats, conjurés contre la Justice, dévouer sans pitié au fer des bourreaux tant d’innocentes victimes, plutôt que de fermer leur cœur à la voix de l’intérêt personnel ou à celle de l'amour-propre !

Il est temps de faire cesser ces abus odieux.

Membres estimables de la Compagnie, et bientôt étouffé dans le sein même de ses auteurs, il n’a osé se montrer au grand jour.

Qu'y avons-nous gagné? C'est dans les ténèbres maintenant qu'ils trament contre un ministre digne de leur admiration, et qu'ils respecteraient, s'ils pouvaient respecter la vertu. Déjà ils ont travaillé à le dénigrer. Ne pouvant faire soupconner son désintéressement, ils ont cherché à inspirer de la défiance sur ses intentions. Dans un libelle ridicule (dont la voix publique les nomme pères), ils ont tronqué, altéré, falsifié plusieurs passages extraits de ses précieux écrits, ils les ont rapprochés, et se sont Îlattés de le représenter, par ce tableau infidèle, comme le plus terrible suppôt du despotisme. Lâches et insensés détracteurs! Ils peuvent amuser un instant la malignité des ennemis du bien public : mais comment en imposer aux amis de la patrie, comment en imposer à la Nation? Comment lui rendre suspects les desseins d'un sage qu’elle voit à genoux aux pieds du trône, pour demander le règne de la justice; d'un sage, qui n'aspire qu'au bonheur de la faire jouir des vues bienfaisantes du Roi; d’un sage, l'ami du peuple et l'appui des malheureux, qui sacrifie au salut de l'État et ses veilles, et son repos? (Note de Marat)

2. Cette affreuse coalition existe dans tous les départements de l'Administration, et, par un abus qui fait frémir, chaque administrateur se trouve juge dans sa propre cause. (Note de Marat)

3.