Les pamphlets de Marat

OFFRANDE A LA PATRIE : 31

tales qui doivent former la base de la constitution, et qui assureront votre bonheur. Lois sacrées que la nature a grav ées au fond du cœur des sages, et dont la voix consolante parle au cœur de tout homme vertueux.

Et qui sera tenté de s'élever contre elles, si ce n'est d'ambitieux ministres qui craignent la lumière, de scandaleux prélats qui se rient de la sainteté, d’iniques magistrats qui redoutent la justice ; ou des fripons qui tremblent d'être obligés de renoncer à leurs rapines, et de devenir gens de bien?

Que ces ennemis de la patrie crient aux innovations, au renversement de la monarchie. Nous répondons que nous n’innovons point, et que nous ne voulons point renverser le trône ; mais rappeler le gouvernement à son institution primitive, et corriger ses vices radicaux, prêts à perdre pour toujours le monarque et ses sujets‘.

S'il faut dans un siècle de lumières prendre pour modèle l'ouvrage des siècles de barbarie, l'ouvrage des brigands; qui ignore qu'à l’origine de la Monarchie, la souveraine puissance résidait dans l’Assemblée nationale ; qui ignore que le Roi n’était que le chef de l’armée et de la justice? Si par de longs abus de l'autorité qui lui fut confiée pour. faire respecter les lois, des Ministres audacieux l'ont enfin élevé au-dessus de leur empire, ce n’est qu à force d'attentats et de crimes; comment donc le pouvoir arbitraire serait-il un titre sacré? Ce n'est donc rien retrancher des

instruits du royaume à leur communiquer leurs vues et leurs observations. Concours généreux et sublime, où l'auteur s'’oubliant lui-même, pour n'être plus que citoyen, ne doit aspirer pour toute récompense qu'à la douce satisfaction de travailler au bonheur de l'humanité, et à la gloire de servir la Patrie ! (Note de Marat)

1. Ce n’est point une grande chartre qu'il s’agit d'obtenir du Roi, mais un gouvernement légitime que la Nation doit établir. Et en ceci la constitution française sera supérieure à la constitution anglaise : car, dans tout État bien ordonné, ni Nation ne tient point ses droits du Prince, mais le Prince tient de la Nation ses prérogatives. (Note de Marat)