Les pamphlets de Marat

34 LES PAMPHLETS DE MARAT

rassurée commence à reposer en paix, les méchants effrayés songent à devenir gens de bien, et les noirs cachots ne retentissent plus des sourds gémissements de cette foule de coupables que le désespoir y précipitait.

A la voix de la sagesse, ont disparu ces administrateurs inhabiles, ces dévastateurs, ces concussionnaires, ces déprédateurs qui dévoraient tes entrailles; ces juges corrompus quite vendaient la Justice, ou qui la faisaient servir à leurs passions criminelles ; ces lâches diffamateurs qui affligeaient la vertu; ces effrontés spéculateurs qui dépouillaient la simplicité crédule, ces intrigants désœuvrés qui enlevaient les récompenses du génie laborieux. Déjà le mérite se montre, les talents percent, ils se consacrent au bien public, et se disputent à l’envi l'honneur de faire fleurir l’État. :

Plus de préférences déplacées, le monarque appelle à lui de toutes parts le mérite personnel.

Il éloigne des autels les prêtres scandaleux; il ne veut plus que le pain du pauvre soit la proie des ouvriers du luxe, des femmes galantes, des prostituées; il demande des Ministres de l’Evangile, du zèle et des mœurs. Quelle forme dans l’Église! Déjà ses dignitaires ne s’enivrent plus de délices et de voluptés; déjà ils se distinguent par leurs lumières et leurs vertus.

Une Noblesse nombreuse, qui attendait dans l’oisiveté et la dissipation les grâces du Prince, comme un patrimoine, se réveille de sa léthargie : déjà elle a renoncé à l’indolence. Humiliée du mérite des classes moins élevées, elle cherche à en acquérir; elle se livre à l’étude, elle cultive les arts, les sciences, et ne veut plus de repos, qu'elle n’ait brillé à son tour.

Combien de sujets distingués remplissent les divers emplois! A la tête des armées et des flottes se montrent la valeur et les talents. Dans les tribunaux brillent le savoir et lintégrité; dans les Académies, l'amour de l'étude, l'esprit de recherche, la science, le génie. L'Assemblée