Les Préfets du Consulat et de l'Empire

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désaffection générale et, bientôt, la démoralisation gagna toutes les classes de la société : « Voilà donc, disait-on, comment il a tenu sa promesse, ce conquérant qui, en 1802, s'est dit fatigué de la victoire et s'est présenté comme le pacificateur des continents et des mers? » Pris de lassitude, les plus hauts fonctionnaires eux-mêmes se demandaient comment l’on sortirait de ce pénible cauchemar ; déjà, devant l'incertitude du lendemain, un vent de défection commençait à souffler parmi eux; ne croyant plus à la solidité de l'empire, ils mettaient un frein à leur zèle, pour pouvoir, à l'heure opportune, faire plus facilement leur évolution. Certains préfets intriguaient dejà sourdement, comme Pasquier, qui faisait secrètement prévenir le comte d'Artois de prendre des précautions pour sa vie, comme Chabrol, qui flirtait avec les royalistes, comme Latour-du-Pin, préfet de la Somme, fils d’un ancien ministre de Louis XVI, qui se flattait de vagues liens de parenté avec la famille de Bourbon, comme le duc de Brissac, préfet de la Côte-d'Or, comme Miramon, Choi-