Les Préfets du Consulat et de l'Empire

DU CONSULAT ET DE L'EMPIRE 173

(Signé : Baron Rouillé d'Orfeuil) (1).

Cet imperturbable cynisme ne fut pas spécial au préfet d'Eure-et-Loir; il fut commun aux trois quarts de ses collègues. Quelques-uns, il est vrai, s'efforçaient de donner à leur pitoyable attitude l’excuse de l'intérêt public et affectaient quelque hésitation à se rallier au pouvoir royal, alléguant la situation délicate dans laquelle ils allaient se trouver. M. de Plancy, préfet de Seine-etMarne, fut de ceux-là. Il rapporte dans ses mémoires qu'il fit part de ses scrupules à son beau-père, le prince Lebrun, duc de Plaisance. La réponse de celui-ci fut que les préfets avaient pour mission de faire les affaires de l'Etat et celles des citoyens et non de faire celles des rois, qu'avec de la pru-

(1) Rouillé d’Orfeuil revint encore à Louis XVIII après les Cent-Jours. Toutefois, il ne fut pas maintenu dans l'administration préfectorale. (Mémorial administratif de la préfecture d’Eure-etLoir, 1813-1815). — Le vicomte de Noailles, sous-préfet de Chartres, eut une attitude plus correcte que son chef; dans la circulaire qu’il adressa en (814 aux maires de son arrondissement pour les inviter à lui adresser leur adhésion, il se borna à des réflexions philosophiques sur le changement de gouvernement « grande et forte lecon pour les souverains et pour les peuples, exemple frappant de l'instabilité des choses humaines ».

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