Les Révolution

190 LES RÉVOLUTIONS.

Il a fallu un coup de foudre populaire pour ramener à la vérité cette troupe de beaux esprits qui se livraient aux distractions les plus aimables dans leur Arcadie politique. Comme ils employaient agréablement leurs loisirs! Ils distribuaient à huis-elos les faveurs de l’État, ils faisaient des préfets, des ambassadeurs et même des ministres; ils mariaient des princes et des princesses, et, dans leurs moments les plus gais, ils s’occupaient des amours illustres du temps. C'était une fête continuelle. Il leur arrivait rarement de regarder au dehors, et quand ils mettaient par hasard le nez à la fenêtre, c'était pour se moquer de quelque rêveur qui passait dans la rue, en parlant de liberté, d'égalité ou d'autres chimères, bonnes tout au plus pour amuser des enfants. Mais voilà que le peuple, qu'ils ne voyaient jamais et dont ils soupçonnaient à peinel’existence, a eu tout à coup la singulière _envie de montrer qu'il existe. Quel trouble et quel désarroi dans ce cercle de beaux esprits! Quoi! le peuple vivait, il discutait, il agitait même des problèmes qui touchent aux fondements de l’ordre social! Quoi! la bête populaire pensait! Elle avait véritablement une