Les serviteurs de la démocratie

LAKANAL 101

tion républicaine. La vérité, c’est que les excès révolutionnaires furent en province à l’état d'exception. Lakanal gouverna quatre départements sans faire verser une goutte de sang et sans avoir recours à aucun des procédés du despotisme.

Mème lorsqu'il avait à se plaindre et qu’il aurait pu se venger, il se montra clément et généreux. Un jour, il apprend qu’il avait été dénoncé au Comité de salut public. Il s’informe, découvre le nom de son dénonciateur, réfute les calomnies et écrit au calomniateur :

« J'avais reçu la mission expresse de te faire arrêter, parce que tu avais signé une dénonciation calomnieuse contre moi; mais lorsque Lakanal est juge dans sa cause, ses ennemis sont assurés de leur triomphe : il ne sait venger que les injures de sa patrie. Je t’obligerai lorsque je le pourrai. Cest ainsi que les représentants du peuple repoussent les outrages. Tu as cing enfants tués devant l’ennemi, — c’est une belle offrande faite à la liberté! — je te décharge de la taxe révolutionnaire. » LAKANAL. »

Pour un buveur de sang, on l’avouera, ce n’était pas trop cruel.

Il est triste d’avoir à ajouter que cet homme de grand' cœur et de grande intelligence, un des fondateurs de nos écoles scientifiques, un des libérateurs de la pensée, fut condamné par la Restauration à l’exil.

Qu'avait-il fait? Le voici : Après Waterloo, à la veille de la capitulation de Paris, Lakanal, qui ne s'était pas rallié à l'empire, ne se souvenant que du territoire envahi, s’unit à quelques-uns de ses amis politiques, présenta des plans de défense et offrit, pour les faire exécuter, tout son modeste patrimoine. Un

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