Les serviteurs de la démocratie
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concessions intelligentes. Comme Godefray Cavaignac, comme Armand Carrel, comme Barbès, il appartenait Par Sa naissance à une famille bourgeoise et riche. C'est une chose digne de rernarque que les plus illusires serviteurs de la démocratie au xix° siècle, ceux qui lui ont donné leur repos, leur liberté et leur vie étaient du nombre des privilégiés de la fortune. Qu'on vienne après cela parler de la cupidité des démocrates! Nos amis ont souffert pour la République, ils ont connu pour elle l'exil et la prison, ils ont eu quelquefois l’échafaud en perspective : voilà à quoi s’est réduit le plus souvent leur convoitise.
Alexandre-Auguste Ledru, Gui plus tard, pour se distinguer de l'avocat Charles Ledru, ajouta à son nom le nom de Rollin emprunté à son aïeule maternelle, était néau Mans en 1808; il fit de brillantes études à la Suite desquelles il prit le grade de licencié en droit et devint bien vite un des avocats les plus renommés de la province. De 1833 à 1844, Ledru-Rollin prend une part active à tous les procès politiques; il plaide surfout avec sucéès les procès de presse et se fait applaudir pour sa verve et son esprit incisif en nous défendant, nous autres journalistes. Avant d'être le grand tribun de nos assemblées délibérantes, il fut à Paris et dans toute la France un des avocats les plus redoutés des membres de la magistrature debout. Les plaidoiries de Ledru-Rollin n’ont pas toutes été recueillies, et c’est dommage. Elles renferment des traits d'esprit, des mouvements d'éloquence, de fines ironies qui méritaient mieux que l'oubli, Dans un procès de presse en province l’éloquent républicain ayant à réfuter une Opinion du pair de France fabuliste Viennet, désignait en ces lermes son prétentieux adversaire, le chantre inspiré des Mules. Une autre fois il s’écriait en apo-