Les serviteurs de la démocratie

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tutionnelle dans la Chambre des députés. Celle-ci se contentait de demander la réforme ; c’est-à-dire l’élargissement du cens électoral. Aujourd’hui les demandes de Ledru-Rollin nous paraissent naturelles et simples, mais de 1844 à 1848 il fut presque seul à fe formuler à la tribune.

Maintenant que nous jouissons de la tés du suffrage universel, est-ce que nous ne devons pas en attribuer l'honneur à celui qui, pendant de longues années, combattit vaillamment pour l'obtenir ?

Dès 1845, Ledru-Rollin avait effacé la mauvaise impression de ses débuts oratoires. Plusieurs discours prononcés depuis l'adresse avaient révélé le tribun puissant qui se cachaït en lui. Le peuple put compter désormais pour soutenir ses ‘droits sur un orateur républicain de premier ordre. Ledru-Rollin ne se contentait pas de servir son parti à la tribune, il soutenait de ses conseils et de son argent le principal organe des républicains avancés : la Réforme; il dirigeait aussi un vaste répertoire de droit, véritable monument d’érudition et de science : le Recueil de jurisprudence.

A la suite de la campagne des banquets, à laquelle Ledru-Rollin s'associa résolument, la Révolution de Février éclata. Le peuple se leva contre le gouvernement des privilégiés et en quelques heures le renversa.

M. Guizot, qui avait formulé à Lisieux ses théories ministérielles dans une phrase à jamais célèbre : « Voulez-vous être honorés? — Enrichissez-vous ! », dut quitter en toute hâte la France du privilège,

Avec la Révolution de 1848 apparaît enfin la nation du Suffrage universel. — C'était la République franeaise, la République de Ledru-Rollin.