Les serviteurs de la démocratie
250 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE
Après la défaite des insurgés, l’incomparable tribun fut le premier à plaider la cause de l'oubli et du pardon. Il demanda l’amnistie à l’Assemblée nationale dès le 26 novembre 1848. Les termes dans lesquels il réclamait cette mesure d’apaisement sont à la fois d’un grand cœur et d’un esprit politique ; car la générosité est une politique aussi, et la meilleure de toutes.
« Des hommes ont pu être égarés, s’écriait LedruRollin à la tribune; on a pu abüser de leur misèré pour les conduire aux barricades. Est-ce qu'il ne serait pas temps de penser à des mesures de clémence? Est-ce qu'il ne serait pas temps de donner satisfaction aux orphelins, aux mères, aux familles qui souffrent ? La République n’a rien à gagner à des luttes personnelles ; mais elle a tout à gagner des sentiments de fraternité, de réparation et d’oubli. L’amnistie cicatrisera les dernières blessures de la patrie, »
Ce noble et touchant appel ne fut pas écouté. Les compétiiions de personnes continuèrent. Le peuple, irrilé ou écœuré, confondit les républicains sourds à la pitié avec ses pires adversaires, et ce même peuple se montra découragé etaffaibli en face du crime du Deux Décembre. ï
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L’homme de l’amnistie, Ledru-Rollin, était aussi l’homme de la liberté et de l'indépendance des peuples. Il s’opposa de toutes ses forces à la fatale * expédition de Rome, et ses discours contre cette intervention militaire à l'étranger, figurent parmi les chefs-d'œuvre de l’éloquence parlemenlaire.