Les serviteurs de la démocratie

68 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE :

des destinées glorieuses qui l’atiendaient. Un soir, il avait alors dix ans, on l'entendit déclamer dans sa chambre une des harangues de Démosthènes. Pourquoi déclamez-vous ainsi? lui demanda quelqu'un de la maison. — Qui sait, répliqua l'enfant, s'il n'y aura pas un jour en France des États généraux. Cette préparation si prématurée à la vie politique, Mirabeau la coutinua pendant toute sa jeunesse, où les désordres les plus graves se mêlent aux études les plus ardues. Pendant ses loisirs de garnison, car il fut soldat quelques années, il fit d'immenses lectures, annotant tous les volumes qui lui passaient par les mains et amassant des matériaux pour les ouvrages qu'il songeait déjà à écrire.

Arrôté par ordre de son père, jeté en prison, forcé ensuite de se réfugier dans l’exil, Mirabeau travaille sans relâche. Le premier écrit de lui qui attire l'attention porte ce titre qu’il faut retenir : Essai sur le despofisme. Comme orateur, Mirabeau a détruit la monarchie absolue; comme écrivain, il lui avait porté des coups terribles,

Il

Jusqu'à la Révolution de 1789, Mirabeau ne pouvait être qu'un publiciste; il se rendit célèbre par la véhémence de ses ‘écrits et son ardeur à défendre les idées libérales. Aussi, dès qu'il fut question des États vénéraux, les électeurs songèrent à lui dans plusieurs provinces. Mirabeau, dont la famille était provençale, posa sa candidature dans les bailliages d’Aïx et de Marseille. Comme noble, il chercha tout naturellement