Les serviteurs de la démocratie

MIRABEAU 11

Au commencement de 1789, trois partis étaient en présencé : le parti républicain ayant pour adeptes un petit nombre d'écrivains, parmi lesquels il faut compter Brissot, Camille Desmoulins, Condorcet et peut-être Robespierre.

Le parti orléaniste, qui rêvait de remplacer Louis XVI par le prince du sang devenu célèbre sous le nom de Philippe-Égalité, Mirabeau qu'on accusait de tout, fut accusé d'appartenir à ce second parti, il s’en défendit avec sa hauteur habituelle. « On prétend, dit-il, que je veux faire du ducd’Orléans mon roi. — Je n’en voudrais pas même pour mon laquais ! »

Le troisième parti, c'était le parti constitutionnel avec Louis XVI pour monarque. Mirabeau le soutint, celui-là, mais en faisant ses conditions; il exigeait la liberté de la presse, la liberté la plus entière, la liberté d'association, le droit de pétition, qu'il regardait comme un droit naturel, la confiscation au profit de l'État des biens de mainmorte. Il voulait encore la responsabilité ministérielle, le droit pour le pays de discuter et de voter l'impôt, puis de changer les ministres toutes les fois que telle serait sa volonté.

Ces thèses constituent à peu près ce qu'on a nommé depuis le libéralisme politique. Mirabeau mit au service de ce libéralisme toute son éloquence et toute sa puissance de travail; il s’épuisa, malgré sa vigueur, à cette œuvre. Sa mort prématurée à quarante-deux ans, est due aux fatigues excessives des luttes politiques. Paris, qui avait appris à l'aimer, lui fit d’incomparables funérailles. Elles furent plus remarquables par les démonstrations de sympathie populaire et nationale que par l'éclat des pompes officielles. Un mot touchant d’une femme du peuple indique bien le caracière de ces funérailles glorieuses. Elles eurent lieu par un jour