Les serviteurs de la démocratie

CAMILLE DESMOULINS 15

Tout est perdu si le peuple ne prend pas les armes et ne protège point ses représentants. Camille Desmoulins a l'intuition de cette vérité. Il oublie qu'il est bègue et le fait oublier. Il s'adresse à la foule : « Necker est renvoyé, s’écrie-t-il, la contre-Révolution nous menace. Il faut sans hésiter que les bons citoyens courent aux armes et prennent un signe de ralliement. Quelles couleurs voulez-vous? Le bleu, symbole de la démocratie en Amérique, ou le vert, signe de l'espérance? » On applaudit et on répète : « Le vert, signe de l'espérance ! » Alors Desmoulins arrache une feuille des marronniers du jardin et la met à la boutonnière de son habit. Chacun en fait autant et se répand dans les rues de Paris en criant : « Aux armes! »

Le surlendemain la Bastille était prise et la royauté vaincue.

III

Avant de rédiger un journal, Desmoulins écrivit des pamphlets.

Le premier portait ce titre : la France libre. Le second était intitulé : Deéscours de la Lanterne aux Parisiens. Ces deux écrits sont pleins d’éloquence et de verve. Déjà le jeune publiciste y met en avant des idées républicaines. Il invoque les grands souvenirs de l'antiquité et appelle l’érudition au secours du patriotisme. Ce mélange d’archaïsme latin et de sentiment tout moderne fait l'originalité littérairé de Camille Desmoulins, comme plus tard l'union des réminiscences de la littérature grecque avec le libéra-