Les serviteurs de la démocratie

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CAMILLE DESMOULINS 11

Camille Desmoulins a eu sans doute des imitateurs de très grand mérite. Il suffit de citer les Guépes, ‘ d’Alphonse Karr, et la Lanterne, de Rochefort; mais le rédacteur des Révolutions de France ei de Brabant est resté sans rival pour la perfection littéraire de la. forme. Les pamphlets de cet écrivain, les poésies d'André Chénier et les discours de Vergniaud sont les trois chefs-d'œuvre de la littérature pendant Ja Révolution française.

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On n’est point impunément un polémiste de beaucoup d'esprit. C’est assez dire que Camille Desmoulins rencontra de nombreux ennemis. Le talent ne va jamais sans ce corlège. Mais il trouva aussi des affections vaillantes et dévouées, en particulier celle de Danton. | :

Robespierre, toujours guindé et sectaire, avait paru, dans es débuts de la Révolution, sympathique à son. ancien camarade de collège. Seulement, l'amitié yraie envers autrui n'était pas dans les moyens du rhéteur d'Arras. 1 y avait chez le futur grand-prèêtre de V'Être suprême je ne sais quoi de froid et de personnel qui l'isolait de toutes les natures ardentes et cordiales. Ni Danton, ni Camille Desmoulins ne pouvaient ètre les amis de Robespierre. Le premier était trop puissant par le génie pour plaire à quelqu'un qui vivait dans la dévotion de soi-même; le second était de caractère trop -indépendant et de raillerie trop facile pour conserver l'affection d’un esprit jaloux.

Camille Besmoulins cependant, suivant l'instinct de sa nature généreuse, soutint Robespierre tant qu'il