Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)
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au jugement que vous avez prononcé sur mes faibles efforts ?, dans cet ouvrage, et dans celui que j'ai eu le plaisir de traduire ?, et combien je me trouve honoré de la bonne opinion d’un des hommes les plus distingués parmi les écrivains politiques de notre temps : mais quand vous saurez quelle impression profonde vos ouvrages ont fait sur moi, je n’aurai plus besoin de vous dire à quel point j'ai été flatté par votre suffrage.
Je vous ai regardé, de tout temps, comme un de ces hommes trop rares aujourd’hui, dont l’autorité et les talents devaient servir, sinon de contre-poids aux systèmes funestes du jour, du moins de consolation aux esprits sages et bien organisés, dispersés encore ça et là dans ce naufrage presque universel de la raison humaine. Je voyais bien que malheureusement vous seriez trop faible pour vous opposer efficacement à un torrent, qui entraîne la moitié de l’Europe civilisée; mais je jouissais de l’idée qu’il existait encore, au milieu de cet aveuglement inconcevable (et à ce qui paraît incurable), quelques hommes en état de juger les événements, de saisir les véritables points de vue, et de se rallier fortement à des principes nobles, purs et élevés : idée que tout ce qui m'environne depuis quatre ou cinq ans, m'avait presque fait perdre.
Je viens d'achever la lecture délicieuse de votre dernier ouvrage. J’y ai trouvé les mêmes lumières, la même chaleur, le même caractère enfin que j’ai admiré dans tout ce qui est sorti de votre plume. Si l'embarras des finances n’a pas produit seul la révolution du 18 fructidor, je suis parfaitement d’ackord avec vous, qu’il a joué un rôle très important parmi les causes de cet événement funeste. Je souhaiterais que les vingt dernières pages de votre livre puissent être imprimées en lettres d’or, placées à l'entrée du palais de chaque gouvernement,
1. Op. cit, p. 5. M. F. Genrz de Berlin, « l’un des écrivains les plus distingués de l'Allemagne ».
2. Histoire de l'Administration des Finances de la République française pendant l’année 1796, Londres 1796. — La traduction est intitulée : Geschichte der franzsôsischen Finansadministration 1796. Uebersetzt und fortgeführt his 1797, von Friedrich Genrz. Berlin, 1797. 3