Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
38 RE Mio Et U TIE0 NW. voir qu’en préférant ainfi l'apparence de la puïffance, c'étoit vous priver , avec certitude, de Ja réalité?
Pourquoi vos grandes charges, fire, vos premiers emplois eccéfiaftiques , civils & militaires , les priviléges, les exemptions, toutes faveurs, toute impunité , font-elles par vous exclufivement réfervées aux plus vils. des hommes, à vos nobles piémontais, qui font en gé-. néral plus ignorans, plus lâches , plus fourbes, plus brutaux, aufli avides, orgueilleux & opprellifs, que Pétoient les nobles de France ?
Pourquoi vos fénats, vos tribunaux, font-ils de vrais coupe-gorges , où la rapine & l’iniquité s’exercent fans cefle impunément ?
Comment ne voyez-vous pas, fire, [que tous les inftrans de votre vie font fouillés de cette multitude de. crimes que commettent vos mandataires , en votre nom, &c dont vous êtes refponfable , puifque vous pouvez les: empêcher ?
N’eft-ce pas pour fatisfaire les caprices continuels de votre petite vanité que vous avez diflipé les quarante millions que votre pere avoit amaflés; que vous avez augmenté la mafle d'impôts dont vos peuples étoient déjà furchargés ; que vous avez fait, & diflipé tant d’emprunts, dont vous ne favez comment payer les intérêts, ni rembourfer les capitaux ; que vous avez jeté dans la circulation pour plus de quarante millions de billets d'état qui n’ont aucune hypothèque ; que vous avez diffipé par anticipation plus de trois années du revenu public, que vous y avez fait un déficit de plus de dix millions , & que vous avez contracté pour plus de cent millions de dettes?
Qu'arrivera-t-il, lorfque ces diffipations, ce déficit,