Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
0 RÉVOLUTION antique pouvoir, dont ils n'ont pas ceffé de faire le plus cruel abus , n’eft qu’une ufurpation des droits de l’homme & de ceux des nations? que ce pouvoir n’eft foutenu que par des forces qui ne font point en eux, que par celles que leur prêtent les malheureux efclaves qu'ils pillent & qu'ils oppriment depuis fi long-temps, & auxquels il fufit de reconnoïître leurs droits & leurs forces, & de ceffer d’enrichir & d’armer leurs defpotes, pour réduire ceux-ci à la plus grande foibleffe, à la plus grande nullité ? Comment ces defpotes ne voient - ils pas qu’il eft contre nâture que la partie foit plus forte que letout, & qu’un pouvoir défaftreux qui n’a pour origine que le droit du plus fort, doit être détruit par une force fupérieure ; qu’un pouvoir uniquement fondé fur l’ignorance , l'erreur & l’injuftice , doit difparoître devant la lumière de la raïifon & de-l'équité? Comment ces defpotes ne voïient-ils pas que les efforts qu'ils font pour arrêter les progrès de la vérité, lui donnent plus de reflort , ne font que la propager davantage parmileurs fujets , & exciter leur infurredion, parce qu’ils ne peuvent fe refufer de voir que c’eft contre eux-mêmes que fe fait cette guerre dont le but effentiel eft d’étouffer , dans fon berceau , la déclaration de leurs droits naturels, Mes correfpondans, en Italie , m’écrivent que les cardinaux , les évêques, les prélats, les nobles, les moines & les religreufes de toutes les parties de cette contrée , s'empreflent de faire d’abondantes colledtes d'argent pour foutenir les ennemis de la révolution de France ; ils m'aflurent que votre fainteté même eft le premier inftigateur de cette nouvelle croïfade, auffi ridicule que celles qui ont dépeuplé l’Europe pourporter en Afeleurs opinions abfurdes, & que vous ne ceflez, faint père