Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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de camp du général Turreau, et Donnadieu se trouvait sousses ordres. Informé qu'un gentilhomme desenvirons réalisait tout ce qu'il possédait pour émigrer, ce Donnadieu fit guetter et guetta ce gentilhomme qui partait vers le soir afin de gagner huit ou dix lieues avant qu'on sût sa disparition, et seul pour ne pas donner l'éveil, et à cheval afin de ne pas prendre une voiture publique aussi près du pays où il pourrait être reconnu; puis le futur vicomte Donnadieu courut l’attendre au coin d’un bois, l'y surprit à la nuit tombante, le tua et revint chargé d'une tirelire qui, en or, contenait une somme considérable. Et, au retour, il poussa l'infamie jusqu’à se vanter de son haut fait, qu'il taxait de justice révolutionnaire. (Général THIÉBAULT, Mémoires, t. V, p. 242.)

Le Général DORSENNE

Le général Dorsenne, fils d’un cloutier, a dû ses premiers avancements aux avantages physiques qu'il a reçus de la nature. Il est grand et d’une beauté remarquable. Sa figure est celle d’Adonis, son maintien celui d’Achille : il serait très difficile d’être plus fat. Il passe tous les matins une heure et demie à sa toilette : son valet de chambre dispose avec art les crochets de ses cheveux, son uniforme est coupé dans le dernier goût, ses bottes brillent comme des miroirs, les plis de son col sont comptés et parfaitement dessinés. Les femmes en raffolent. Quelques ofliciers malins l’appellent le général de mélodrame. (CADET DE GASSICOURT, Voyage en Autriche, p. 109.)

A Burgos. Dorsenne avait fait placer trois énormes potences, et à ces potences pendaient toujours trois prétendus affiliés ou complices des guérillas. Un matin, il n’en vit plus que deux; en effet, pendant la nuit, la famille du troisième pendu avait enlevé le corps, afin de lui rendre les honneurs de la sépulture, et de suite le général Dorsenne fit donner au commandant de place l'ordre de prendre un homme dans les prisons de la