Louis XVI et la Révolution
PRÉFACE. Y
mêche de ses cheveux. I1 voudrait conserver la noblesse comme corps politique. Il aime cette société qui disparaît : il serait assez de l'avis de Talleyrand sur la douceur de vivre sous ce régime qu'il voit s’écrouler. Il adore Paris qu'il déclare la capitale de l’Europe. Il est bien vu des Parisiens. Il a donc toutes les facilités pour bien voir et la société officielle et le monde révolutionnaire. Il a la première qualité nécessaire pour faire un bon témoin : il est curieux. Le seul inconvénient de cette importante déposition, c’est qu’elle ne nous est transmise par son éditeur qu’à l'état de fragments reliés par un récit du reste bien documenté.
On ne saurait également avoir trop de confiance dans les exquis souvenirs de la baronne d'Oberkirch. D'une véracité rigide, d’une honnêteté protestante, bonne royaliste et très tolérante, M° d’Oberkirch réconcilie (tout au moins pendant le temps que l'on met à lire ses Mémoires) les esprits les plus chagrins et les plus moroses avec cet ancien régime où il y avait tant de gens d'esprit, et même nombre de gens de cœur. On a le temps de se ressaisir avec le baron de Besenval. Celui-ci nous met assez bien au courant des petites histoires de cour. Mais il ne faut jamais oublier, en le lisant, qu’il appartient au parti Polignac. De plus, toutes les fois qu'il parle du rôle qu'il à joué, et qu’il se met en scène (cela lui arrive souvent), on doit se rappeler que ce baron suisse est un peu gascon, et qu'il a fait dans ses Mémoires cette précieuse confidence : « J'aime, dit-il, à être content de moi, ce qui me suffira toujours. »
Pour les témoignages de source française, et l’usage qu'il faut en faire, voici la règle que nous avons suivie : toutes les fois que nous avons eu à signaler une faiblesse du gouver-