Louis XVI et la Révolution

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ce prince, malgré ses serments et ses démonstrations publiques, dans les cours étrangères entretenait une correspondance criminelle aux yeux de l’Assemblée, et qui tendait à renverser une constitution qu'il avait sanctionnée au milieu de son peuple, et jurée à la face de l'Éternel. » Tout le monde est désorienté, car personne ne sait plus que penser des vrais sentiments du roi, sauf le peuple et la partie gauche de l’Assemblée qui, soit par enthousiasme, soit par politique, croient ou feignent de croire à la parole royale. Les émigrés sont indignés. Au moment où le roi accepte la Constitution, Vaudreuil écrit au comte d'Antraigues : « Gette acceptation du roi! Oh dieux! quelle honte, quel malheur! » Dans le malheur, pas plus que dans la prospérité, la noblesse n’est indulgente pour ses souverains. C’est surtout Marie-Antoinette que l’on rend personnellement responsable des fautes d'autrui.

Enfin un jour elle se rebiffe, et, condamnée impitoyablement par les émigrés, elle les juge sévèrement à son tour : « Vous connaissez par vous-même, écrit-elle à Merey, le 21 août 1791, les mauvais propos et les mauvaises intentions des émigrants. Les lâches, après nous avoir abandonnés, veulent exiger que seuls nous nous exposions, et seuls nous servions tous leurs intérêts. » La noblesse à Paris ne vaut guère mieux : « Quand on oblient de nous une démarche qui la blesse, dit en 1791 Marie-Antoinette à M"° Campan, je suis boudée, personne ne vient à mon jeu; le coucher du Roi est solitaire. » Encore la reine ne connaissait-elle pas l’acrimonie des propos tenus sur la famille royale. C’est dans la meilleure société que Gouverneur Morris a entendu l'étrange conversation que voici : « Aujourd'hui, 14 juillet 1791, M. de Trudaine dit qu'il a entendu raconter par le jeune Montmorin que le Roi est par nature cruel et bas. Un exemple de sa cruauté, entre autres : il avait coutume d’embrocher et de brüler des chats vivants. En me promenant en voiture avec M”° de Flahaut, je lui dis que je ne pouvais pas croire à de pareilles choses.