Louis XVI et la Révolution

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dit Saint-Priest, « dans un état de stupeur difficile à imaginer et à peindre ». Une autre fois, croyant que le peuple marche sur les Tuileries, il éprouve une crainte très vive, ce qui est permis ; ce qui l’est moins, c’est de se réfugier dans les combles du château, et de s'y tenir caché. Aussi ne peut-on lui demander d’avoir du courage pour les autres, de protéger ses serviteurs. Il abandonne ceux quele peuple attaque. Quand Bailly lui parle du gouverneur de la Bastille, ilrépond : « Ah! il a mérité son sort.» Cette faiblesse est si patente qu'un historien royaliste est obligé d'en convenir. Au 10 août, le Roi ordonne de ne pas tirer : « Les Suisses du 10 août, dit M. de Lescure, comme les gardes du 6 octobre, obéirent héroïquement à l'ordre égoïste et aveugle que leur donnait un roi plus préoccupé d’épargner le sang de ses ennemis que celui de ses serviteurs. » Certains témoins sont encore plus catégoriques. La pusillanimité de Louis XVI indigne ceux qui ont le droit de parler haut; l'archiduc Léopold écrit à sa sœur Marie-Christine : « Il est inconcevable comment, au moment de l'attaque de Versailles, le Roi ne s’est pas fait plutôt tuer que de céder, casser et sacrifier ceux qui l'avaient défendu. Il faut avoir Le sang d’eau

SUPPLICE' DE FOULON EN PLACE DE GRÈVE (23 juillet 1789).