Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits
MARAT INCONNU 9
ouvert à toutes les passions exaltées, surtout à l'amour de la gloire, je n'ai jamais rien fait pour altérer ou détruire les dons de la nature, et j'ai tout fait pour les cultiver. :
La seule passion qui dévorait mon âme était l'amour de la gloire; mais ce n’était encore qu'un feu qui couvait sous la cendre.
Les hommes légers qui me reprochent d'être une téte verront ici que je l'ai été de bonne heure ; mais ce qu'ils refuseront peut-être de croire, c'est que, dès mon bas âge, j'ai été dévoré de l'amour de la gloire.
A cinq ans, j'aurais voulu être maître d'école, à quinze, professeur; auteur à dix-huit, génie créateur à vingt, comme j'ambitionne aujourd'hui la gloire de m’immoler pour la patrie, 3
J'étais réfléchi à quinze ans, observateur à dix-huit, penseur à vingt-et-un, Dès l'âge de dix ans, j'ai contracté l'habitude de la vie studieuse. A part le petit nombre d'années que j'ai consacrées à l'exercice de la médecine, j'en ai passé vingt-cinq dans la retraite, à la lecture des meilleurs ouvrages de science et de littérature, à l'étude de la nature, à des recherches profondes, et dans la méditation.
Je crois avoir épuisé toutes les combinaisons de l'esprit humain sur la morale, la philosophie et la politique, pour en recueillir les meilleurs résultats.
J'ai huit volumes de recherches métaphysiques et physiologiques sur l’homme. J'en ai vingt de découvertes sur les différentes branches de la physique. Plusieurs sont publiés depuis longtemps, les autres sont dans mes cartons, Mes plus doux plaisirs, je les ai trouvés dans la méditation, dans ces moments paisibles où l'âme contemple avec admiration la magnificence du spectacle de la nature ; où lorsque, repliée sur elle-même, elle semble s'écouler en silence, peser à la balance du bonheur la
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