Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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rer sa verbu de ce qui ne lui appartient pas, que de dissimuler qu'il y a un vif intérêt, qu’il y a une douce et pure jouissance à la consoler et à la servir.

» Voici maintenant les idées sur lesquelles la Reine doit méditer. ;

» La Reine a mal jugé la révolution, elle a failli trouver sa perte dans un événement qui devait lui être personnellement avantageux — mais il est inutile de revenir sur le passé ; il faut examiner où nous en sommes et chercher le parti qu'on peut tirer de l'avenir.

» La Reine serait bien trompée si elle pensait que son existence personnelle est perdue en France pour toujours. Ceux qui savent juger l'opinion sans préjugé et sans timidité lui diront qu'elle est l’objet d’un ressentiment profond, mais qu'il reste toujours de grands moyens de ramener les esprits lorsqu'on a conservé la réputation du caractère et du courage. La Reine a excité contre elle de profonds ressentiments, mais elle a souffert, et les Français sont tout près de l'intérêt pour peu qu’ils croient s'être vengés. La Reine a surtout un avantage, c’est qu’elle à fait peu de chose pour donner le change au public sur ses véritables opinions : on l’a toujours regardée comme ennemie, elle a fait pour ainsi dire guerre ouverte, et c’est pour cela qu’on reviendrait à elle avec plus de confiance, si, par une conduite prononcée, par des choses utiles, qui ne pussent pas être diver-