Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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qu’elle aurait fait et l'estime de ceux qui l’auraient conseillée. Les conseils qu'ils lui donnent sont bons, le succès en est certain. Loin qu’ils puissent jamais l’engager à manquer à son caractère et à la dignité de son rang, le soin de les maintenir sera toujours une partie essentielle de la conduite qui lui sera indiquée; mais il faut avant tout être résolue à la suivre constamment.

» Ce langage n’est pas celui de la méfiance; c’est parce qu'on est décidé à croire à la résolution que la Reine adoptera que l’on veut qu’elle ne doive rien à la contrainte, ni à la surprise. Il estnécessaire de dire encore que ceux qui lui parlent en ce moment seront toujours adversaires généreux comme invariables amis; que si, après avoir réfléchi sur leurs conseils, la Reine se décidait à les rejeter, elle n’aura jamais à en craindre rien qui ressemble à la trahison. Pour parler ouvertement, le sentiment qui les conduit est avant tout l'intérêt d'une révolution dans laquelle ils ont placé leur existence et leur gloire, mais aucun motif sur la terre ne les engagerait à manquer à la confiance que l’on met en eux. Si les intérêts qui leur sont confiés étaient incompatibles avec ceux de la Reine, ils s’éloigneraient d’elle, ils ne chercheraient pas à la tromper. Ainsi, dans tous les cas, elle pourrait compter sur leur inflexible droiture. Mais le courage dans le malheur a encore d’autres droits à réclamer; ce serait être trop austère, ce serait vouloir pa-

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