Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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être tentée, nous serons en état de la repousser.

» Mais au milieu de nos préparatifs de guerre, nous n’en désirons pas moins la paix; précisément parce que nous savons que la tranquillité intérieure ne peut être parfaitement affermie que par la cessation des inquiétudes sur l'extérieur; secondement parce que nous ne pouvons nous dissimuler que la dépense qu’entrainent nos précautions défensives deviendront avec le temps extrèmement coûteuses.

» Toutes les puériles inquiétudes qui nous obligent à ce grand appareil de guerre cesseront dès qu'une des grandes puissances de l’Europe, en reconnaissant notre constitution, aura Ôté tout espoir à nos émigrants et aura fait disparaitre ces incertitudes sur nos rapports extérieurs.

» Cette puissance quelconque se présentera et un traité se passera entre elle et nous, nous n’en pouvons douter, puisqu'il y a dans le moment où nous sommes unintérêt puissant et réciproque, cette puissance sera la Prusse ou l'Empereur. L'une et l’autre, la Reine le sait, ont un grand intérêt à notre alliance. L'une et l’autre jugeront bientôt, quand les affaires de France depuis le 21 juin leur seront parfaitement connues, que notre révolution est achevée, que l’autorité publique va se rétablir, que nous allons reprendre place dans les intérêts de la politique et que le moment est arrivé de s’occuper à acquérir ou à . conserver notre amitié.