Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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» Depuis le départ du Roi tout semble réunir contre lui le parti républicain, et une faction jusqu'alors méprisée a acquis d'immenses forces par ces circonstances. L’aristocratie attachée au parti des princes est entièrement contraire à celui du Roi. Enfin les caractères faibles se distribuent entre ces deux partis et s’éloignent à l’envi du Roi, que l’opinion publique semblait alors condamner. Lorsque quelques hommes fermes ontosé se prononcer hautement pour lui, ils sont devenusle point de ralliement de tout ce qui dans le parti populaire tenait encore intimement à la monarchie. Ces hommes cependant étaient ceuxlà mêmes contre lesquelles le mémoire du Roi avait été particulièrement dirigé!. Séparés du parti antirévolutionnaire par une irréconciliable haine, ils n’ont pas craint de s’attirer également celle de tout ce qu'il y a dans le parti opposé de plus ardent et par conséquent de plus redouté.

» La nation a été pour eux, mais c'est parce qu’elle a trouvé en eux des chefs, une opinion hautement prononcée, de la conduite et du courage. La nation se fût également réunie aux factions si les factions eussent été conduites avec énergie et habileté. Qui peut en douter sérieusement? Cependant ces hommes ne veulent rien que le terme de la révolution et le bien de leur patrie; et aujourd’hui qu'un décret

1. Le mémoire laissé par le Roi au moment de son départ pour Montmédy, expliquant les motifs de sa fuite.