Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

122 MARIE-ANTOINETTE

ce parti succombera si, par une sage conduite, le Roi et la Reine n’achèvent d’abattre ceux qui lui sont contraires et de décider l’opinion générale pour eux et pour cette constitution à laquelle leur existence est inséparablement liée.

» Que la Reine veuille se pénétrer de ces vérités qui vont en ce moment décider du destin de sa vie. Qu’elle veuille se rappeler qu’on lui a tenu le même langage dans un moment où il n'y avait que des sentiments nobles et purs qui sussent, dans la position où elle était, intéresser à elle celui qui ne l'avait jamais connue, et dont les relations avec elle eussent cessé avec son voyage si la Reine ne l’eût pas invité à les renouveler. Nous sommes loin de rappeler ceci comme un reproche. La position de la Reine est trop faite pour l’aigrir. Il est toujours trop facile de se mal entendre lorsque l’on ne peut jamais se parler, pour que nous puissions conserver, sur un défaut de confiance, dont nous avons cru pouvoir nous plaindre, un ressentiment qui dans les circonstances serait peu délicat et déplacé. Maïs nous supplions, nous pressons la Reine, par toutes les preuves de zèle que nous lui avons données, par tout l'intérêt que nous devons mettre à ce que cette grande crise se termine heureusement, d'accorder une confiance exclusive à ce que nous lui conseillons. Nous répondons, si nos conseils sont exactement suivis, de la considération publique en faveur du Roi et de la Reine et du réta-