Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 131

on peut compter de notre part, pour ce que nous avons annoncé, sur un zèle, une constance et un courage sans limite. »

Cette lettre était donc une mise en demeure en mème temps qu'un manifeste, une déclaration de principe et un programme d'action pour l'avenir. L'acceptation de cette constitution, dont on lui traçait les grandes lignes, était la condition nécessaire à l’apaisement de la France, à la reconciliation des partis, au retour de l’ordre et de la prospérité, la seule base sur laquelle pourrait être rétablie et maintenue la monarchie. La Reine ne manqua pas d'y fixer toute son attention. Laissant de côté, pour le moment, les reproches que formulaient ses correspondants dans la première partie de leur longue lettre, le retour qu'ils faisaient sur le passé pour lui rappeler les engagements qu’elle avait pris, elle s’attacha à étudier les détails qu’ils lui donnaient quant à la situation qui serait faite au Roï par ce nouveau pacte qu'il devait consentir.

En somme, la part du pouvoir faite au Roi par cette constitution revisée était encore assez large. À nos yeux à nous, habitués que nous sommes à des conceptions infiniment plus libérales et plus démocratiques du partage des pouvoirs, cette part des privilèges laissés au souverain peut paraitre même très large. Elle dépassait en cela la constitution anglaise, sur laquelle elle semblait être, en grande partie, cal-