Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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avec plus d'acharnement, les lois ne peuvent rien sans force. Cette force, où est-elle ? Qui répondra de la prochaine législature? Malgré la proclamation de cette constitution, les décrets, les serments, qui répondra qu’elle ne voudra à son tour tout changer ? Si le parti républicain veut la renverser, quelle est la force à lui opposer ? Je n’aurais peut-être pas autant d'inquiétude si nous n’étions pas au moment d’une nouvelle législature. La confiance que j'ai dans le courage, la fermeté et le bon esprit de ceux qui en répondent me rassurerait si l’on s’occupait avant tout de rétablir l’ordre, qui ne peut être rétabli que par un Roi ayant l'autorité de gouverner avec l'appui de la loi et de concert avec elle. Mais il est dans la nature des hommes, et surtout des médiocres, de vouloir tout changer. Ils en auront d'autant plus envie que, par la raison même qui attire tant d’ennemis à ceux qui ont le courage de vouloir l’ordre, ils croiront gagner plus de popularité en suivant les principes contraires. Or la force et les pouvoirs du Roi ainsi que l'existence de ses ministres ne sont pas encore assez fermement établis pour pouvoir lutter avec succès contre tous ces écueils.

» Quant à ce qu'il faut faire au moment de l’acceptation, je suis bien d’accord qu'il faut que toutes les actions soient conformes à ce que l’on dira, mais il m'est impossible de ne pas relever une idée qui me parait inutile et qui dans un sens pourrait être nui-

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