Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
MARIE-ANTOINETTE FERSEN ET BARNAVE 227
penserait-il pas si, tandis que les deux factions extrêmes s’empressent de l’insinuer, les démarches du Roi et de la Reine ne tendent pas à le détruire.
» L'état de désordre qui existe ne peut se prolonger. L'opinion, frappée par les fautes qui se commettent chaque jour et par les événements qui se pressent, forcera bientôt une crise et nous conduira à une manière de gouverner plus ferme et plus régulière. Mais cette crise sera-t-elle pour ou contre le Roi? Lui donnera-t-elle avec la majorité de l’Assemblée l’accroissement de pouvoir qu’il peut obtenir sans sortir de la constitution, ou mettra-t-elle au contraire cette autorité dans les corps administratifs, dans les comités de l’Assemblée? C’est ce qui sera décidé par la direction de l’opinion, et cette opinion ne peut être menée que par le degré de confiance et d’amour qu’il dépend du Roi de sattirer.
» Les émigrants ne sont presque plus rien; il faut par tous les moyens possibles achever de dissiper cet objet d’effroi. Quand on sera tranquille sur le dehors on sera obligé de s'occuper de l’intérieur et c’est là que le Roi a tout l'avantage.
» Ce que M. de Montmorin a rapporté des instructions du Roi relativement à la Suède a sufli pour exciter l'enthousiasme’. Le peuple veut être pour le Roi, mais il ne le voit jamais, il n'en entend parler
4. Allusion aux démarches faites auprès du roi de Suède par Fersen et Breteuil.