Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
246 MARIJE-ANTOINETTE
Ce 29 novembre.
«Le moment présent est fortinquiétant, mais il faut le regarder comme une crise qu'il s’agit de conjurer par du courage et une conduite soutenue, afin de la faire tourner à notre profit. Je suis bien éloignée de me cacher les difficultés et les dangers de notre situation. Tout est contre nous. Le retour de Monsieur est aussi nécessaire pour notre sûreté personnelle que pour la sauvegarde de la monarchie. Ce retour devient par les circonstances mèmes de plus en plus difficile. La sommation qu’on lui à faite, le détestable arrêt sur les émigrants, malgré le veto qu'y a mis le roi, arrêteront plus que jamais Monsieur. Il a manqué tous les moments où il aurait pu revenir avec dignité. À présent il n'en est peut-être plus le maitre, même si l’on parvenait à lui faire sentir toute l'importance de son retour.
» Notre intérêt, le mien surtout, est tellement attaché à ce retour, que, quelque chose que nous fassions, nous ne serons jamais regardés là-bas qué comme partie intéressée, et nos démarches comme forcées. Aussi, je crois que nous ne pouvons que nuire en paraissant y insister davantage. Si d’après ce que me dit M. de Lessart quelqu'un autre se chargeait de chercher à persuader Monsieur, il faudrait que ce fût en quelque sorte à notre insu et comme si nous n’y