Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

250 MARIE-ANTOINETTE Ce 18 novembre.

« Quoique le décret sur les prêtres soit dur et peu conforme aux principes de la liberté, cependant il est loin de la sévérité des mesures qui avaient été proposées jusqu'à présent : il n’oblige les prêtres qu'à prêter le serment civique, et ce serment n’a aucun rapport aux matières religieuses, puisque l’organisation civile du clergé n’est pas dans la constitution. Ceux qui n’ont pas de pension ne sont soumis à aucun serment, et le serment particulier des fonctionnaires ecclésiastiques, qui a fait tout le trouble, est supprimé partout. Le décret ne met pas le Roï en opposition avec lui-même, puisqu'il n’oblige les prêtres qu'à la prestation du serment civique et ne poursuit que les perturbateurs.

» Il ne paraît donc pas qu'il y ait raison suffisante pour refuser la sanction de ce décret, et il ne faudrait pas s’exposer à user de ce moyen sans être assuré de l'effet. Des refus de sanction, rares, toujours bien appliqués, toujours soutenus par l’opinion publique, peuvent donner au pouvoir royal une force immense; mais l'usage imprudent de ce droit entrainerait les plus grands dangers, »

Cependant les conseillers de la Reine semblent se raviser en présence des démonstrations publiques contre le décret qui se produisent dans divers départements et à Paris même :