Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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FERSEN ET BARNAVE 271

disposé à aimer, deviendrait alors le centre de la confiance. Le besoïn de tranquillité et d’autorité publique, qui est aujourd’hui balancé par la crainte et les soupçons, deviendrait le sentiment général. La nation, naturellement vive et pétulante, qui a été poussée à l’exagération de la liberté par l'ignorance et les excès d’un gouvernement qui a abusé de sa puissance, reviendrait aussi promptement aux idées modérées par horreur de l’anarchie, par le besoin de tranquillité et de travail.

» L’immense majorité veut l’ordre et incline pour la monarchie; elle n’est retenue que par la crainte d’une trahison. Elle se prononcerait hautement contre les perturbateurs. Tout citoyen qui n’est pas militaire quitterait la cocarde, la révolution serait définitivement à son terme. Les républicains sentent si bien cette vérité qu’elle est l’objet de toutes leurs craintes. Ils professent ouvertement que ce qu'ils appellent la liberté ne peut s’entretenir que par la crainte de l’extérieur; ils appellent l’ordre qui s'établirait si ces inquiétudes venaient à cesser, la contrerévolution paisible et c’est la seule qu’ils redoutent.

» Temporiser et demeurer hors du royaume n'est pas un remède. Loin de guérir le mal il ne fait que l'aggraver. Si Monsieur, frère du Roi, n’est pas rentré avant l'expiration du délai qui lui a été donné, il sera, conformément à la constitution, déclaré déchu du droit de régence et il lui sera alors bien plus difficile

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